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juillet 2017 8 députés à l'Assemblée nationale alors que le parti socialiste en a 28 avec 4 fois moins de voix, ainsi que le PCF 10 députés (quelle démocratie !?!) Le FN est passé à plus de 11 millions électeurs, mais les tricheries ont été massives et la Presse radicalement antidémocratique.


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Islamophobie : “L’enjeu caché, c’est ‘vous n’êtes pas chez vous’” Empty Islamophobie : “L’enjeu caché, c’est ‘vous n’êtes pas chez vous’”

Lun 14 Oct - 14:50
Islamophobie : “L’enjeu caché, c’est ‘vous n’êtes pas chez vous’”

Citation:
Analysant les discriminations quotidiennes, juridiques et intellectuelles subies par les musulman-e-s, les sociologues Abdellali Hajjat (Université Paris Ouest Nanterre) et Marwan Mohammed (CNRS) ont publié, le 26 septembre, le livre ‘Islamophobie, comment les élites françaises fabriquent le ‘problème musulman’”. Entretien.

Vous débutez et concluez le livre sur le cas de Sirine. Dans son collège de Villiers-sur-Marne, elle ôtait son voile mais refusait d’enlever un bandeau. Mise à l’écart au sein de l’établissement public, elle en fut finalement exclue. Avant d’être accueillie – avec le même bandeau – par le second collège public de la ville, sans problème aucun. Qu’incarne le cas de Sirine pour vous?

M.M. : Si il n’y avait pas eu d’initiatives pour rendre publique cette affaire, elle se serait déroulée dans le silence. C’est justement son caractère hors champs, hors visibilité, qui renvoie pour nous à la banalité de l’islamophobie. Comme dans la majorité des cas, elle ne fait pas de bruit et touche surtout des femmes portant le hijab dans leur quotidien : la scolarité, le travail, les transports publics, les rapports avec les institutions, etc. Les agressions physiques ou les dégradations de cimetières musulmans et de mosquées constituent, même si ce n’est pas de manière systématique, des événements dont on entend parler Or l’islamophobie vécue renvoie d’abord à des discriminations diluées. Deuxièmement, le déroulement de l’histoire de Sirine est révélateur d’autres choses. D’abord c’est une initiative de quelques enseignants puis de la principale du collège. Ce n’est pas forcément une mobilisation massive mais un petit groupe de personnes qui se sentent légitimes pour violer le droit à la scolarité d’une jeune fille qui porte un bandeau et une jupe. Car Sirine enlève son hijab devant le collège, conformément à la loi du 15 mars 2004. Puis la jeune fille résiste, elle refuse d’enlever son bandeau. De là, une série de procédures se déclenche, amenant les institutions à se positionner. Il y a une forme d’acharnement : on a une affaire qui est partie de quelques enseignants et qui va monter jusqu’au rectorat, au député-maire, puis au ministre de l’éducation et passer par toute une série de tribunaux (du tribunal administratif jusqu’au Conseil d’Etat, ndlr). Finalement, avec la même tenue et après exclusion définitive, le second collège public de la même ville, situé à 1 kilomètre du premier, l’a ensuite acceptée…

A.H. : Cette histoire révèle aussi l’idée de racialisation religieuse et d’islamophobie par capillarité. Dès lors que, dans l’espace public, la visibilité religieuse musulmane est construite en “problème”, le port du hijab est disqualifié. Or Sirine continue de porter le hijab à l’extérieur, donc on va interpréter son comportement à l’intérieur de l’école à l’aune de son appartenance religieuse. Ainsi son bandeau et sa jupe deviennent des habits religieux et son indocilité devient, pour ces enseignants, une preuve de cette religiosité. Cette grille de lecture tend à interpréter son comportement, à l’intérieur comme l’extérieur de l’école, comme déterminé par son appartenance religieuse.

Qu’entendez-vous par l’expression : “islamophobie par capillarité” ?

A.H. : Nous ne sommes pas en présence d’un phénomène naturel mais social. S’il y a une transversalité des formes de racialisation religieuse, c’est le fruit d’un travail collectif. En 1989, parmi les élites françaises une minorité était en faveur de la prohibition. Pourquoi quinze ans plus tard se retrouvent-ils majoritaires ? La construction d’un “problème musulman” s’est effectuée au niveau des savoirs et de la mobilisation de certains acteurs. Nous cherchons dans le livre à comprendre ce lent basculement idéologique. Qui sont-ils ? Comment la laïcité est-elle redéfinie ? Pourquoi la question musulmane est-elle devenue tellement centrale ?

Une centralité qui, selon vous, exclue toujours l’islamophobie ?

A.H. : La question du déni d’islamophobie s’appuie sur une certaine conception de l’intégration, de l’immigration et du religieux dans l’espace public. Cela renvoie à une certaine spécificité de l’histoire politique et de l’histoire religieuse française, où les institutions religieuses catholiques ont été des facteurs de remise en cause de l’Etat républicain. Le problème musulman est également connecté au problème de l’immigration. L’un des principaux enjeux est la légitimité présentielle des musulmans sur le territoire.

L’enjeu caché, car non avouable, serait finalement la remise cause de la présence des musulmans sur le territoire français ?

AH : Au bout du compte c’est cela. Quand on lit les textes des islamophobes revendiqués il faut “tirer dans le tas”, organiser une expulsion massive, etc. Derrière le discours du Front national, idem. Pour d’autres, adeptes d’un régime juridique d’exception, la “solution” au “problème musulman” n’est pas aussi radicale. Mais il s’agit toujours d’une logique d’exclusion dans certains espaces sociaux comme l’école, la structure de la petite enfance, l’entreprise privée, etc. Globalement, l’enjeu c’est : “vous n’êtes pas chez vous”. Vous n’êtes pas légitimes à être sur le territoire, c’est ça l’enjeu caché.

MM : Il faut bien voir que le discours islamophobe est s’articulé aux enjeux de souveraineté de l’Etat, à l’identité nationale, à certaines valeurs républicaines comme la laïcité, ou aux questions féministes, etc. Le discours islamophobe est parvenu à diffuser l’idée que les principaux fondements républicains sont menacés par l’islam. Cela permet de comprendre pourquoi de l’extrême gauche à l’extrême droite, sur la question de l’islam, il y a beaucoup moins de divergence que sur d’autres sujets, notamment d’éthique économique et sociale.

Taper sur l’islam créerait donc du consensus politique ?

AH : La centralité de l’islamophobie dans le champ politique s’explique par ses logiques de fonctionnement. On s’attache à analyser les conditions de possibilités de l’islamophobie. L’UMP et le PS sont de moins en moins différents du point de vue de la politique économique. Du coup, les logiques de distinction se posent de plus en plus sur les questions dites “sociétales” : le mariage pour tous, l’immigration, l’islam… Il y a une surenchère compensatoire proportionnelle à l’impuissance des partis majoritaires à contrer les effets sociaux de l’économie capitaliste. Par ailleurs, il se répand une certaine analyse électorale, qui peut être contestée mais qui, en attendant, produit des effets en termes de programme politique. L’idée est qu’il y aurait une montée de la xénophobie populaire, de plus en plus de “racisme d’en bas”, qui se reporterait sur un vote Front national. Et, pour récupérer ce vote, on va adapter les discours : durcissement sur les politiques migratoires et sur les musulmans. Cette analyse électorale, très ancrée chez les politologues de Sciences Po, les conseillers en communication et les sondeurs, produit de la xénophobie et de l’islamophobie. Nous faisons l’hypothèse, qui mérite d’être analysée par de futures enquêtes, que ce phénomène s’auto-alimente et parcourt les différentes strates de la société. Ce phénomène circulaire entre les” élites” n’est évidemment pas homogène, mais il construit “un problème musulman”.

Après les attentats du 11 Septembre, vous pointez l’accélération d’un continuum entre islam, islamisme et terrorisme. Comment mesure-t-on l’impact d’un tel événement ?

A.H. : Ce continuum préexiste au 11 septembre. Il opérait déjà en France pour analyser les attentats attribués au GIA (Groupe islamique armé) et l’affaire Khaled Kelkal en 1995. Mais, en comparant la situation avant et après 2001, on observe un basculement dans le traitement médiatique et dans la manière d’envisager la question musulmane par les grands médias et les politiques. Ceci est bien expliqué dans le livre de Thomas Deltombe, L’islam imaginaire (La Découverte, 2005).

M.M. : Le soupçon d’intégrisme est plus ancien qu’on ne le croit généralement. Quant à le mesurer, c’est bien difficile, mais c’est un continuum qui alimente un climat de suspicion qui parasite le quotidien des musulmans. A l’époque, Gaston Defferre dénonçait : “des grèves saintes, d’intégristes, de musulmans, de chiites.”

Vous songez au discours tenus lors des grèves dans les usines Citroën au début des années 80 ?

AH : A l’époque, ces mobilisations syndicales d’immigrés ont été rapidement dénoncées par les patrons des usines comme ayant un caractère religieux. Alors qu’elles avaient avant tout un caractère syndical. Le conflit religieux se substitue à la lutte des classes… Mais d’un coté, il s’agit de parents immigrés. Dans la mesure où ils se sont socialisés dans leur pays, le fait qu’ils soient musulmans est considéré comme “normal”. Mais il y a une grosse différence d’approche par rapport aux enfants d’immigrés post-coloniaux nés en France. Car il existe une croyance générale, fortement ancrée dans “l’idéologie dominante”, dans le processus d’intégration-assimilation, que la religiosité musulmane viendrait contre-carrée, posant ainsi un “problème d’intégration”. En 1987, lors de la commission Marceau Long (sur la réforme de la nationalité française, ndlr), le chercheur Bruno Etienne disait : “Il y a 5% de pratique chez les enfants d’immigrés” et le processus d’intégration la fera disparaitre. Or en 1989, la croyance en l’extinction de la religiosité musulmane chez les enfants d’immigrés vole en éclat. Comme pour toutes les minorités, comme les enfants de juifs ou de chrétiens africains, les enfants de musulmans ont un taux élevé de reproduction de la pratique religieuse d’une génération à l’autre. C’est un phénomène sociologique classique qui renvoie aux tensions existant entre majoritaires et minoritaires. Pourtant, ce fait social est généralement perçu comme une remise en cause de l’homogénéité nationale.

D’où vient l’idée que cela contredirait “l’idéal républicain” ?

A.H. : La fin des années 1980 correspond à l’émergence du discours sur l’échec de l’intégration. Le 9 novembre 1989, dans une tribune publiée dans le Nouvel Observateur, des intellectuels comme Elisabeth Badinter, Elisabeth de Fontenay, Régis Debray, Alain Finkielkraut et Catherine Kintzler dénoncent comme un “Munich de l’école républicaine” le refus du gouvernement de légiférer. Cette tribune révèle un sentiment de quasi trahison des enfants d’immigrés, surtout les filles. On leur dit : “on vous donne la possibilité de rentrer à l’école publique, de vous intégrer, mais vous ne respectez pas le contrat en restant musulmanes”. En résumé : si l’on admet des formes culturelles différentes, séparées des formes majoritaires, on remettrait en cause l’autorité de l’Etat.

Bien qu’officiellement remplacé, le HCI (Haut conseil à l’intégration) a récemment fait parler de lui avec son rapport suggérant l’interdiction du voile à l’université. Pourquoi préconise-t-il cette mesure ?

A.H. : Cette préconisation s’inscrit dans la logique de construction du “problème musulman” par capillarité. Là où des présumés musulmans se trouvent, il y a un “problème” qui peut se poser du point de vue des valeurs, notamment de la laïcité. La laïcité n’est plus seulement la liberté de conscience et de culte, mais doit confiner la religion à l’espace privé. Cette redéfinition de la laïcité est un véritable coup de force symbolique et ne vise que les musulman-e-s, puisque les organisateurs de processions catholiques, par exemple au Puy-en-Velay, ne sont pas inquiétés. Comme le répète le sociologue Jean Baubérot, la laïcité n’était pas du tout définie ainsi auparavant, il parle d’une “laïcité falsifié”. Le HCI a participé à la réinvention d’une tradition laïque, qui passe par une reconstruction du passé. Je lisais aujourd’hui un article disant que les écoliers interprètent désormais la laïcité comme une interdiction et non comme une liberté religieuse… Avalisées par le Parlement, les lois du 15 mars 2004 (sur l’interdiction du port de signes religieux ostensibles à l’école publique, ndlr) et celle de 2010 sur l’interdiction du niqab dans l’espace public ont instauré une nouvelle norme laïque. Dès lors que cette norme est devenue “universelle”, on peut lui soumettre toute une série de situations: hôpitaux, universités, entreprises privés, etc. Il semble très difficile de revenir en arrière, comme si un effet domino se produisait. Ce phénomène engendre l’idée que les corps et les consciences des musulmans doivent être contrôlées partout.

Vous convoquez également Michel Foucault pour analyser une volonté de discipliner les corps et les esprits…

M.M. : Il y a un nœud entre attente d’assimilation et disciplinarisation. Ce qu’on appelle : “l’injonction d’intégration” qui renvoie à une égalité sous condition. Cela repose sur une double logique de contrôle social et d’exclusion, bien que nous ne sommes pas en présence d’un racisme classique. L’islamophobie est une grille de lecture qui tend à analyser le comportement des présumés musulmans à partir du signe religieux.

“Présumés” musulmans ?

M.M. : L’islamophobie ne touche pas uniquement les musulmans pratiquants. Certains Sikhs ont été pris pour des musulmans aux Etats Unis et agressés pour cela, voire assassinés. Pris de peur, certains Sikhs ont jugé utile de manifester leur différence pour dire : “on n’est pas musulman”… En France, une femme non musulmane qui était en chimiothérapie portait un foulard car elle avait perdue ses cheveux. Elle a été humiliée en juin 2012 à l’aéroport de Nantes par les agents de sécurité qui, lors d’un contrôle, ont exigé qu’elle l’enlève. Sans parler des individus issus de pays musulmans mais qui ne partagent pas cette foi.

A.H. : C’est l’idée que la qualification religieuse devient un signe permanent et dominant. Quelqu’un d’origine algérienne et athée est assigné à une identité religieuse musulmane. Cela renvoie aux réflexions de Jean-Paul Sartre sur la question juive. Cette assignation enferme la personne dans son identité juive, on a ce même processus du côté musulman.

Vous appelez cette identité imposée : “islamité”

A.H. : Oui, cela est comparable à la judéité telle qu’elle a été définie au XIXème siècle. Comme le soulignait Hanna Arendt, on peut “échapper” au judaïsme par la conversion, mais on ne peut pas “échapper” à la judéité. L’islamité comme attribut racial existait durant la période coloniale, comme l’illustre la ségrégation sociale et politique. Même converti au christianisme, l’indigène musulman d’Algérie ne sort pas de sa condition de musulman. Cependant, l’islamité coloniale est différente de l’islamité post-coloniale. La judéité issue de l’antisémitisme et l’islamité coloniale avait un fond racial beaucoup plus fort que l’islamité post-coloniale. De nos jours, les musulmans en France ne sont pas dans la même situation politique et juridique, mais l’islamophobie contemporaine tend à faire de l’islamité un attribut permanent et définitif. On ne peut pas en sortir.

Vous, par exemple, y avez-vous été personnellement confronté ?

A.H. : On a une expérience de minoritaire. Nous sommes des transfuges des classes populaires et des héritiers de l’immigration post-coloniale. Nos trajectoires nous ont rendu sensibles à ces questions. Comme l’ont démontré les études féministes, tout savoir est un savoir situé.

M.M. : On attend de voir la conséquence que peut avoir le fait de s’appeler Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed lorsqu’on s’exprime sur l’islamophobie, d’autant que le discours islamophobe n’est pas très original. Par ailleurs, ce n’est pas un hasard si le premier séminaire universitaire dédié à l’islamophobie est de notre initiative. On s’attend à deux formes de critiques : une argumentée et raisonnée sur l’ouvrage. Ce qui est vital à la vie intellectuelle. Et un second registre, celui de la disqualification. On n’échappera pas au soupçon de collusion avec les “islamistes”, à l’instar de ceux qui refusent d’ostraciser les populations, personnalités ou mouvements se revendiquant de l’islam pratiqué.

Vous entrez exactement dans les statistiques propres à l’islamophobie dont vous parlez, parmi les musulmans, les surdiplômés s’avèrent encore plus sensibles aux discriminations.

A.H. : Plus on s’élève socialement, plus on est confronté à des logiques de concurrence pour des biens rares. Et plus des phénomènes de rejet apparaissent. Ce phénomène sociologique fut analysé par Norbert Elias entre “établis” et “marginaux”. C’est ce qui fondent aussi la comparaison entre antisémitisme et islamophobie. Au moment où il y a une logique d’ascension sociale et de concurrence entre minoritaires et majoritaires, apparaissent les formes de rejets les plus virulentes par ces derniers.

Comment vous êtes vous intéressés à l’islamophobie ?

Marwan Mohammed (M.M.) : D’une part, en étant en contact constant avec les quartiers populaires et les populations musulmanes, nous avons senti monter des craintes fortes et des inquiétudes sur les questions d’islamophobie. Notamment, en raison des évolutions de l’actualité et la succession de polémiques sur les musulmans. Par ailleurs, nous avons fait le constat que la réflexion collective sur le sujet était quasiment absente du champ académique français.

Abdellali Hajjat (A.H.) : Un même constat mais à travers des trajectoires différentes. Marwan est spécialiste du monde des bandes, de la délinquance et des sorties de délinquance. Je suis plutôt spécialisé dans la sociologie du droit de la nationalité et l’histoire des mobilisations de l’immigration post-coloniale. Pour réfléchir à cette question, nous avons monté un séminaire à l’EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales). L’idée était de créer un espace universitaire pour s’interroger sur ce que les sciences sociales peuvent dire sur l’islamophobie.

D’où vient cette erreur selon laquelle le mot “islamophobie” aurait été inventé par des mollahs iraniens afin de censurer la critique de la religion musulmane ?

A.H. : On ne sait pas exactement mais cela a été repris par des gens comme les essayistes Caroline Fourest, Pascal Bruckner, etc., qui, à notre connaissance, ne donnent pas de sources. Pendant la Révolution iranienne (1979) et après, il y a eu une disqualification des femmes et des individus qui refusaient les mesures du nouveau régime. Pour autant, le terme d’islamophobie n’existe pas en persan. En revanche, d’autres mots existent pour désigner l’”hostilité à l’islam”. Donc l’origine iranienne du terme relève de la légende et il nous semble qu’il s’agit d’une manière de disqualifier les individus et groupes qui l’utilisent. Comme l’ont démontré plusieurs chercheurs, dont les travaux sont présentés dans notre livre, le mot “islamophobie” a été employé la première fois au début du XXème siècle, par des ethnologues-administrateurs français qui jugeaient contre-productive l’attitude de l’administration coloniale envers les populations musulmanes. Il semble que la crainte de certains intellectuels réside dans le fait que le terme islamophobie soit utilisé pour empêcher toute critique de l’islam en tant que dogme religieux.

Vous reconnaissez que son utilisation comme “outil contre la liberté d’expression” est à éviter…

M.M. : Tout comme l’accusation d’antisémitisme visant les opposants à l’Etat israélien, il pourrait y avoir de l’”excès” dans l’usage du terme d’islamophobie. Cependant nous ne disposons pas de beaucoup d’exemples.

A.H. : Les exemples à disposition vont plutôt dans le sens inverse. On entend toujours : “Il y a un tabou sur l’islam“. Il suffit d’observer objectivement les champs médiatique et politique pour constater qu’il n’y en a pas. Bien au contraire, il existe une “libération” de la parole critiquant l’islam en tant que religion ou stigmatisant les musulman-e-s. En France, l’enjeu du bannissement de l’usage du terme d’”islamophobie” correspond à la question de la reconnaissance du phénomène islamophobe en lui même et de la “responsabilité” des professionnels de la parole publique dans la légitimation d’un rejet des musulman-e-s. Le bannir “invisibilise” les actes discriminatoires qui existent bel et bien, cela “dé-responsabilise” ceux qui les légitiment. Par ailleurs, le terme d’”islamophobie” est celui qui est utilisé par les acteurs, tant ceux qui se revendiquent “islamophobes” que ceux qui combattent l’islamophobie. C’est ce constat pragmatique que font la plupart des chercheurs anglophones.

Les instances internationales comme l’ONU et l’Union européenne, elles, ne semblent pas embarrassées avec le terme…

A.H. : Après la conférence de Durban, en 2001, Doudou Diène, le rapporteur spécial des Nations Unies (sur les formes contemporaines de racisme, ndlr) et Kofi Annan, secrétaire général, se sont mis à utiliser le terme. Des Etats et notamment ceux de l’OCI (Organisation de la coopération islamique, qui regroupe 57 Etats membres) ont milité pour une reconnaissance du terme par l’ONU. Cela se concrétise par des sessions, des rapports. Au niveau des institutions européennes, plusieurs instances chargées des discriminations l’utilisent sans que cela constitue un “problème”. Il y a aussi l’OSCE (l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) qui a commandé des rapports et organisé des colloques qui, de fait, ont légitimé l’usage du terme en s’appuyant sur les différents acteurs nationaux tel que le CCIF (Collectif contre l’Islamophobie en France). Une forme de reconnaissance que ce collectif n’a pas en France.

Qui a crée le CCIF en 2003 ?

M.M. : Il n’existe pas encore d’enquête sociologique sur le CCIF. Une chercheuse, Houda Asal, étudie actuellement les mobilisations contre l’islamophobie. D’après nos observations, il s’agit une poignée de militants, au début essentiellement de jeunes hommes, instruits, diplômés et français, qui participaient aux mêmes listes de diffusion d’information. Et les commentaient. Les propos de Claude Imbert, directeur du Point, qui a déclaré (sur LCI le 24 octobre 2003, ndlr): “Moi, je suis un peu islamophobe. Cela ne me gêne pas de le dire” vont servir d’élément déclencheur à un projet qui existait déjà.

Comment “quantifier” l’islamophobie chaque année ?

M.M. : Il y a essentiellement trois sources*. Le CCIF, le ministère de l’Intérieur et les enquêtes d’opinion de la CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l’homme) sur “l’hostilité à l’islam”. Le CCIF s’est imposé auprès des instances internationales et des principales ONG comme la principale source de référence sur les actes islamophobes. La définition du CCIF se veut très restrictive, elle se cantonne aux actes qui portent atteinte aux personnes et aux institutions musulmanes. Le ministère de l’Intérieur, lui, s’appuie sur les enregistrements des services de police et de gendarmerie notant des atteintes en raison de “l’appartenance religieuse”. Mais nous manquons cruellement de statistiques sur les procédures civiles, notamment aux prudhommes. En tout cas, il y a un écart important entre les données du CCIF et l’Intérieur qui s’explique par les modalités de recueil des données. Mais malgré cette différence, la tendance est la même : on constate une augmentation régulière et rapide des actes islamophobes depuis au moins 4 ans.

Vous expliquez qu’un autre souci provient des associations anti racistes, pourquoi sont-elles extrêmement divisées sur l’islamophobie ?

M.M. : Ces mouvements ont été traversés par des clivages internes qui ont plus largement révélé des conceptions différentes de la laïcité, du cosmopolitisme et de la place des musulmans. Historiquement, les mouvements anti racistes “généralistes” ont un lien fort avec la lutte contre l’antisémitisme : le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) depuis la Seconde guerre mondiale, la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) depuis les années 30 et la LDH (Ligue des droits de l’hommes) au moment de l’affaire Dreyfus. Ils ont été animés par des militants et intellectuels engagés, pas seulement juifs, souvent de gauche et à des moments très particuliers de l’histoire nationale. A partir de la guerre de 1967 notamment, s’est posé la question de leur positionnement sur le conflit israélo-palestinien. Lors de la première intifada (1987) puis de la seconde (2000), ces associations ont été secouées par un débat sur la question de la priorité des luttes.

Quelle hiérarchie ? Il s’est construit une opposition entre la judéophobie, qui peut exister marginalement chez les dits Arabes ou musulmans, et le racisme que ces derniers subissent. Comment articuler les deux ? Pourquoi ne peut-on pas dénoncer les deux même temps ? Viens ensuite la question de l’islamophobie. Dans les mouvements antiracistes dominants, l’appartenance religieuse musulmane pose question : elle n’est généralement pas perçue comme une liberté, mais comme un élément qui remet en question les fondements de la République. Du coup, le malaise vis à vis de la reconnaissance de la légitimité de la religiosité musulmane, s’exprime également au sujet de la légitimité de la lutte contre l’islamophobie.

Vous consacrez un chapitre qui compare l’islamophobie et l’antisémitisme, pourquoi ?

M.M. : On essaye de présenter les travaux anglophones qui existent sur l’aspect comparatif de ces deux phénomènes. En quoi y a-t-il des correspondances et des différences ? Notre approche se fait plutôt par l’histoire sociale des juifs et des musulmans.

Un point commun entre ces deux formes de racisme serait de pâtir de chimères, pouvez-vous préciser ?

M.M. : Gavin Langmuir, historien spécialiste du Moyen Age et de l’antisémitisme, considère que ce qui distingue un discours antisémite, c’est quand un fait est transformé en quelque chose de complètement chimérique ou mythique. Il donne notamment l’exemple des sacrifices rituels. Au Moyen Age, on avait un enfant dans un bourg qui disparaissait, c’était le fait objectif, mais on ne savait pas pourquoi. Cette disparition pouvait alors parfois être attribuée au bouc émissaire juif et devenir ensuite une croyance forte. Autre exemple, le mythe des noirs qui violent les femmes blanches. Langmuir dit que le mythe apparait quand la minorité est dans une forte dépendance économique et sociale. On a un phénomène analogue pour l’islamophobie avec le mythe de “l’islamisation” décortiqué par le chercheur Raphaël Liogier. Tout une série de mythes ont émergé comme celui du “pain au chocolat”, “le terroriste au cinq slips de l’usine AZF”, “les mosquées de Roissy”, etc.

Quel rôle joue ce mythe ?

A.H. : Il est irréfutable, il se propage comme une rumeur. Et il entretient la permanence du danger, de la menace de proximité, de l’ennemi intérieur. Et parfois, il rencontre des faits : un réseau terroriste ici, une cellule de trois apprentis “djihadistes” là-bas. C’est interconnecté à la menace souterraine, tout comme le complot juif. Le mythe de l’islamisation prend deux formes. Il y a ceux qui croient à la conspiration comme Anders Behring Breivik, Bat Ye’or (pseudonyme de Gisèle Littman-Orebi, idéologue et essayiste britannique, ndlr), etc. et relève plutôt de l’extrême droite. Mais d’autres partisans du mythe, comme la démographe Michèle Tribalat, s’oppose à cette première version. Elle dit néanmoins qu’il y a une autre forme d’islamisation qui serait celle des valeurs. C’est plus subtil. Les valeurs françaises d’égalité et de laïcité seraient remises en cause à travers les demandes d’accommodement à l’école, à l’hôpital, etc. Pour elle, l’islamisation correspond aussi à la reproduction de la religiosité de génération en génération. C’est la où l’on entre dans quelque chose d’assez chimérique. Ce passage de la demande individuelle d’accommodement dans une société cosmopolite, elle est banale. Les Chinois veulent privatiser une partie du 13ème arrondissement pour un festival, ce n’est pas une attaque anti-républicaine du milieu chinois. A Metz, pour le nouvel an juif, il y a une rue qui va être bloqué pendant trois jours, cela ne constitue pas un “problème juif”. Une demande similaire émanant de musulmans serait impossible. Pour nous la chimère elle est là, quand on construit une menace à partir d’un fait que l’on peut comprendre tout autrement, c’est-à-dire sociologiquement.

recueilli par Geoffrey Le Guilcher

* A cela il faut ajouter l’enquête TeO (Trajectoires et Origines) qui offre des informations sur l’expérience des discriminations en raison de nombreux motifs, notamment l’appartenance à une religion.

source :
http://www.lesinrocks.com/2013/10/13/actualite/islamophobie-lenjeu-cest-netes-pas-chez-11426603/
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Islamophobie : “L’enjeu caché, c’est ‘vous n’êtes pas chez vous’” Empty Re: Islamophobie : “L’enjeu caché, c’est ‘vous n’êtes pas chez vous’”

Lun 14 Oct - 14:51
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1) Le mot islamophobie (et son dérivé islamophobe) est utilisé à 46 reprises...
2) Au sujet de ce mot :
Citation:
Abdur-Rahman Muhammad, un ancien membre de l'IIIT qui a depuis quitté l'Institut par désaccord, était présent lors de la création du mot. "Ce terme odieux" écrit-il, "n'est rien de plus qu'un terme cliché conçu dans les entrailles du think tank musulman dans le but de mettre à bas les critiques" ...

Muhammad décrit la stratégie derrière l'invention du mot:

"Dans un effort pour faire taire les critiques envers l'islam politique, ses défenseurs ont jugé utile de construire une terminologie qui leur permettrait de se poser en victimes."

Muhammad a dit qu'il était présent quand ses collègues d'alors, réunis dans les bureaux de l'Institut international pour la pensée islamique dans le Nord de la Virginie, ont inventé le terme «islamophobie».

Abdur-Rahman Muhammad a déclaré que les islamistes ont décidé d'imiter les militants homosexuels qui ont utilisé le terme «homophobie» pour faire taire les critiques.

(source: FrontPageMag http://frontpagemag.com/upload/pamphlets/Islamophobia.pdf )

Repenti, et dorénavant musulman libéral militant contre les Frères Musulmans, Abdur-Rahman Muhammad a écrit une tribune dans le DailyNews où il dit comprendre les opposants à la mosquée de Ground Zero et où il dénonce l'usage subversif du terme islamophobie.


En 1997 lors d'un colloque en Angleterre traitant de la question de l'islamophobie, voici, ce que les politiques assistés d'intellectuels de gauche et de représentants musulmans ont retenu pour la définir : «l'islamophobie est une perspective ou une vision du monde impliquant une peur infondée et un sentiment d''aversion vis à vis des musulmans, se traduisant par des pratiques d'exclusion et de discrimination». (La discrimination étant la capacité d'identifier et de choisir entre deux éléments distincts, l'islamophobie est devenu un fourre tout qui empêche la réflexion et la distinction entre la religion, la civilisation, les communautés et les croyants).

C'est dans une hagiographie de Mahomet (Sira) écrite par un peintre Orientaliste converti (Dinet Alphonse Étienne devenu plus tard Nasreddine Dinet) et un musulman algérien (Sliman ben Ibrahim), cette Sira est parue en 1918 et on y trouve pour la première fois le mot islamophobie en langue Française, alors qu'en Anglais c'est l'expression: "feelings inimical to Islam" ("sentiments hostiles envers l'islam") qui est préférée.

Comme de très nombreux apologistes musulmans se servent de l'ignorance des infidèles pour manipuler une quinzaine de versets qu'ils récitent ou citent partiellement en boucle, il est possible d'agir selon le même procédé ; le coran lui-même commande aux musulmans via l'expression d'un des prophètes de l'islam :
Citation:
Certes, vous [croyants soumis] avez eu un bel exemple [à suivre] en Ibrahim et en ceux [les prophètes et Messager de la vraie religion qu'est l'islam] qui étaient avec lui, quand ils dirent à leur peuple : "Nous [fidèles d'Allah] vous [mécréants] désavouons, vous et ce que vous adorez en dehors d'Allah. Nous vous renions. Entre vous et nous, l'inimitié et la haine sont à jamais déclarées jusqu'à ce que vous croyiez en Allah, seul".

Dahou Ezzerhouni quant a lui a cité plusieurs autres utilisations en français dès 1910, et 1912 à 1918. En réalité les premières utilisations du terme n'avaient pas, selon Christopher Allen (un universitaire Anglais) ,la même signification que l'usage actuel, l'islamophobie était utilisée pour décrire " la peur de l'islam chez les musulmans eux-mêmes" (notamment des musulmans libéraux et des féministes) et non pas la crainte ou l'aversion / haine vis à vis des musulmans par des non-musulmans.

Etienne Dinet et ibn Sliman l'ont eux utilisé pour disqualifier les travaux critiques du grand scientifique Henri Lammens, un prêtre jésuite belge, orientaliste arabisant de renom et historien de l'islam qui passa presque toute sa vie au Liban où il ne cessa jamais ses recherches. Fernando Bravo Lopez du Département des Études Arabes et Islamiques (Catalogne) note que Dinet et Sliman critiquaient l'attitude de Lammens qu'ils jugeant islamophobe, et dont les travaux relevaient plus du militantisme et de la Croisade anti-islam sous couvert de pseudo scientisme/érudition.

Pour qui veut bien voir Dinet, comme Said ou encore Ibn Sliman ne peuvent en aucun cas soutenir la comparaison avec Lammens...

Edward Said, un professeur d'anglais d'ascendance Palestinienne (chrétien) qui a véritablement popularisé en premier ce néologisme. Il n'a jamais été un spécialiste de l'arabe, du droit musulman ou des textes religieux islamiques.

C'est plus tard que des dignitaires Iraniens, Mollah et Ayatollah notamment ont théorisé et utilisé le terme à des fins politiques et religieuses tant défensives qu'offensives. Les Frères Musulmans en ont fait de même.

Pour en revenir à la phobie, ce qui caractériserait la peur panique actuelle des Européens et particulièrement des Français c'est d'être accusés de racisme envers les musulmans puisque tout est fait pour qu'il y ait amalgame islam/Islam et musulmans (comme si les musulmans "fondaient une race" Rolling Eyes, ce qui n'a aucun sens) et d'islamophobie s'ils émettent la moindre critique (négative) sur la religion musulmane (Coran) et sur Mahomet, même s'il s'agit de le faire en se basant sur sa vie (Sunnah + Sira) et sur le droit et la pratique qui en découlent.

Il est édifiant de constater la différence de discours entre les "savants" et juristes musulmans s'exprimant en terre d'Islam et ceux tenus dans les médias occidentaux. C'est le jour et la nuit.

L’honnêteté impose de reconnaitre qu'en France, c'est l'ensemble des partis politiques (du FDG au FN) et des politiciens qui distinguent musulmans d'islamistes, et aujourd'hui islamistes de terroristes puisque la référence à l'islam doit être effacée lorsqu'il s'agit de traiter l'information.

L’honnêteté impose de reconnaitre que l'immense majorité des intellectuels médiatiques font de l'islamophobie et de la lutte contre les stigmatisations ou discriminations envers des musulmans leur cheval de bataille.

L'honnêteté impose de reconnaitre que là où le débat sur l'islam (en tant que religion et politique) devrait être réservé uniquement aux universitaires spécialisés, l'on constate qu'ils sont systématiquement privés de parole et remplacés par des journalistes, intellectuels et autres socio-politologues sans qualification.

Dans cette entretien des Inroks, l'inversion des valeurs est caractérisée, en effet Bat Ye'or est qualifiée d'idéologue, alors qu'elle et son défunt mari sont des chercheurs et qu'ils ont produit des travaux sérieux, et on met en avant des types comme Rafael Liogier, un sociologue militant n'ayant aucune connaissance en i/Islam et dont le seul atout est d'avoir un discours parfaitement lisse et conforme à l'air politique du temps, en plus d'être particulièrement apprécié sur des sites communautaristes comme Oumma.

La référence à Bruno Etienne n'est pas non plus un hasard... c'est l'un des théoriciens de la distinction (très polémique chez les vrais savants) entre islam et islamisme, un des seuls spécialistes occidentaux appréciés par T. Ramadan :mrgreen: . Si on parle d'islamophobie on ne peut éviter de parler de la véritable islamophilie chez certains.

Cette distinction entre islam et islamisme qui n'a aucun sens pour les savants et juristes musulmans s'exprimant en terre musulmane, mais aussi pour de nombreux universitaires plus qualifiés que ceux qui soutiennent la distinction...

Citation:
En 2005 dans son essai L'islam ou l'islamisme? Nagel Tilman a soutenu que "la distinction entre l'islam et l'islamisme est «sans valeur scientifique».

[Tilman Nagel: Islam oder Islamismus? Probleme einer Grenzziehung. In: Hans Zehetmair: Der Islam. Im Spannungsfeld von Konflikt und Dialog. VS, Wiesbaden 2005, ISBN 3-531-14797-8 , S. 32-33] (est un orientaliste allemand spécialisé en religion comparée) et professeur émérite à l'université de Göttingen (il a enseigné et mené des recherches de 1981 à 2007 en tant que professeur d'études arabes et islamiques à l'Université de Göttingen)
_____________________
Citation:

Selon l'historien orientaliste Bernard Lewis, l'islamisme, (ou comme il le qualifie lui l'«islam activiste») est historique et traditionnel.

La tradition quiétiste repose évidemment sur le Prophète en tant que souverain, juge et homme d'État agissant ua nom de la Parole et des commandements de Dieu. Avant que le Prophète ne devienne un chef d’État (seigneur des tribus comme l'écrit Jacqueline Chabbi, une historienne spécialisée dans l'islam des premiers temps), il était un rebelle. Avant son voyage de la Mecque à Médine, où il est devenu souverain, il était un adversaire de l'ordre existant contre lequel il a mené le djihad sous ses différentes formes. Il a mené une opposition contre l'oligarchie païenne de La Mecque lors de l'hègire vers Médine a organisé et fondé un «gouvernement en exil», avec lequel il a pu finalement revenir en triomphe dans sa ville natale et d'établir l'Etat islamique à La Mecque.

Le prophète en tant que rebelle a fourni une sorte de paradigme (modèle montré à titre d’exemple) de la révolution d'opposition et de rejet, de retrait et de départ, de l'exil et du retour. Maintes et maintes fois les mouvements d'opposition dans l'histoire islamique essayé de répéter ce schéma, quelques-uns d'entre eux avec succès. -Bernard Lewis, la révolution islamique

Citation :
Abdullah al-Qasimi, Saoudien Wahabite, puis intellectuel devenu athée critique de l'islam parlait de « l’illusion d’une différence intrinsèque entre un islam soft et un islam hard »

Alija Izetbegovic (homme politique et un philosophe bosnien), publiait en 1970 la Déclaration islamique (Islamska deklaracija) dans laquelle il exprime ses vues concernant la relation entre l'État, la religion et la société. «Il n’y a pas de paix, ni de coexistence entre la religion islamique et les institutions sociales non-islamiques […]. Le mouvement islamique doit et peut prendre le pouvoir dès qu’il est normalement et numériquement fort, à tel point qu’il puisse non seulement détruire le pouvoir non-islamique, mais qu’il soit en mesure d’être le nouveau pouvoir islamique […] »

Alija Izetbegović précisa plus tard que sa Déclaration était « un traité général sur la politique et l'Islam, adressé à l'ensemble du monde musulman". Il ajouta quand il du s'expliquer face à ses contradicteurs« les communautés musulmanes incluses dans des communautés non musulmanes, aussi longtemps qu'il existe une garantie de liberté religieuse, de vie et de développement normaux, sont loyales et ont l'obligation d'exécuter toutes leurs obligations à l'égard de ces communautés, à l'exception de celles qui portent atteinte à l'islam et aux musulmans. »

Henri Boulad par exemple qui est islamologue : Citation : L'islamisme, c'est l'islam politique, porteur d'un projet et d'un modèle de société visant à l'établissement d'un état théocratique basé sur la sharia, seule loi légitime - parce que divine - telle que révélée et consignée dans le Coran et la Sunna, une loi qui a réponse à tout. Il s'agit là d'un projet global et globalisant, total, totalisant, totalitaire. Car l'islam est un tout: une foi et un culte, un horizon et une morale, un mode de vie et une vision du monde. Intransigeant, il offre le salut ou la perdition. L'islam est la vérité qui ne supporte pas le doute et ses adeptes forment "la meilleure des communautés". L'islam se veut à la fois religion, état et société - din wa dawla.

Citation : On dira que le problème de l'islam est plus complexe, que ma position est simpliste, simplificatrice et tend à l'amalgame. Je suis tout à fait conscient de la variété des islams. J'ai même une conférence de deux heures sur "Les six islams", où je déploie l'éventail des différents islams, depuis l'islam ouvert libéral, modéré et laïcisant, jusqu'à l'islam le plus radical, en passant par le soufisme, l'islam des confréries et l'islam populaire. Je suis parfaitement au courant de toute la tendance actuelle de l'islam laïc et laïcisant, moderne et modernisant. Je pense malgré tout que ce courant n'est guère représentatif de l'islam officiel,( mon père , je veux vous décorer de l'ordre du mérite !!) de l'islam orthodoxe et classique, de l'islam sunnite tel qu'il s'est toujours manifesté, tel qu'il s'est toujours voulu, tel qu'il se veut encore aujourd'hui.

D'où le rejet par l'islam officiel de tous les penseurs et intellectuels qui, cherchant à réinterpréter l'islam à la lumière de la modernité, se font taxer d'hérétiques, d'apostats ou de déviationnistes. L'islamisme n'est ni une caricature, ni une contrefaçon ni une hérésie ni un phénomène marginal et aberrant par rapport à l'islam classique orthodoxe sunnite. Je pense au contraire que l'islamisme, c'est l'islam à découvert, l'islam sans masque et sans fard, l'islam parfaitement conséquent et fidèle à lui-même, un islam qui a le courage et la lucidité d'aller jusqu'au bout de lui-même, jusqu'à ses dernières implications.

L'islamisme, c'est l'islam dans toute sa logique, dans toute sa rigueur. L'islamisme est présent dans l'islam comme le poussin dans l'œuf, comme le fruit dans la fleur, comme l'arbre dans la graine

Citation : En 2005 dans son essai L'islam ou l'islamisme ? Nagel Tilman a soutenu que la distinction entre l'islam et l'islamisme est «sans valeur scientifique». [Tilman Nagel: Islam oder Islamismus ? Probleme einer Grenzziehung. In: Hans Zehetmair: Der Islam. Im Spannungsfeld von Konflikt und Dialog. VS, Wiesbaden 2005, ISBN 3-531-14797-8 , S. 32-33] ( est un orientaliste allemand (spécialisé en religion comparée) et professeur émérite à l'université de Göttingen (il a enseigné et mené des recherches de 1981 à 2007 en tant que professeur d'études arabes et islamiques à l'Université de Göttingen)

Citation : Tareq Oubrou (imam à Bordeaux et connaisseur du Fiqh (droit musulman), récemment décoré de la Légion d'Honneur : « L’Islam touche à tous les domaines de la vie. Comme le veut le Coran, C’est un Etat, c’est un pays, dans le sens géographique, c’est à dire qu’il regroupe toute la communauté dans une géographie où il n’y a pas de frontières. La frontière entre deux pays musulmans est une hérésie méprisable par l’Islam… La politique des Musulmans ce n’est pas la politique des autres, la politique des autres est construite sur le mensonge »

Citation : Mohamed Morsy (5e président de la République arabe d'Égypte et président destitué, courant des Frères Musulmans : "Le Coran est notre Constitution, il le fut et il le restera, le prophète est notre guide, le jihad est notre voie, la mort pour Allah est le plus sublime de nos désirs, par dessus tout notre vie appartient à Allah et la lui offrir est notre but. Appliquer la charia est notre pacte avec Dieu"

Citation : AM Delcambre : Islamologue, docteur en droit comparé, (doctorat en droit public et en droit musulman-fiqh ("la profession de juge en droit musulman, d'après l'adab al-QaDî de Mawardî"), docteur en civilisation islamique, agrégée d'arabe classique, participe à la prestigieuse Encyclopédie de l'Islam et auteur de livres sur le sujet.). "Soufi ou mufti ? Quel avenir pour l'islam, Anne-Marie Delcambre, éd. Desclée de Brouwer, 2007, p. 141

[... dans la langue française, islam et islamisme étaient synonymes, et cela depuis 1697, quand Barthélémy d'Herbelot de Molainville, professeur au Collège de France, ajouta le suffixe "isme" au mot arabe islam pour en faire un nom désignant une religion. En effet,de tous les noms désignant des religions, "islam" était le seul qui ne fût pas terminé par "isme". Or, dans l'édition de 1992 du Dictionnaire Le petit Larousse,on constate que le mot "islamisme" pour désigner la religion est considéré comme "vieilli". En revanche, la définition de l'islamisme est devenue politique :"Mouvement politico-religieux préconisant l'islamisation complète, radicale, du droit, des institutions, du gouvernement dans les pays islamiques. [...] une acception est dite "vieillie" quand elle n'est plus attestée depuis plus d'un siècle. Un sens qui vieillit en moins de dix ans, cela ne s'est vu dans aucun pays au monde. Et c'est ainsi que "islam" et "islamisme" ne sont plus synonymes. On ne s'étonnera pas de lire que, pour le professeur Khaled Dourane de l'université de Philadelphie, "l'islamisme est un genre de totalitarisme qui s'est répandu dans le monde à la fin du XXe siècle. Il est identique aux régimes fascistes ou communistes et aspire à dominer le monde." En fait, cette distinction est en partie due au juriste égyptien Al-Achmâwi qui avait lancé : "Dieu voulait que l'islam fût une religion, mais les hommes ont voulu en faire une politique." Désavoué par ses coreligionnaires, considéré comme hétérodoxe, Achmâwi allait fournir à l'Occident la plus belle porte de sortie qu'on puisse imaginer. Désormais, il serait interdit de faire un amalgame entre l'islam et l'islamisme. D'un commun accord, religieux, politiques, journalistes se mirent à répéter que l'islam, ce n'était pas l'islamisme ; que les deux réalités étaient bien distinctes ; que l'islam ne pouvait être tenu pour responsable des crimes commis par les islamistes, assimilés à des terroristes.] "

Citation : Ou encore de Mme Urvoy, Islamologue, historienne, spécialiste du médiévisme, et de la philosophie islamique. Philologue. Elle est « experte-consultante » auprès du Sénat et du Parlement. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Th%C ... A8se_Urvoy). Elle écrit dans SOUFISME. Article de l'ouvrage « Les mots de l’islam » de Dominique et Marie-Thérèse Urvoy (Presses Universitaires du Mirail, 2004): "Aussi ne saurait-on admettre la formule en vogue actuellement selon laquelle « le soufisme est l'antidote de l'islamisme ». En réalité il lui sert plutôt de cheval de Troie."

Citation : Ou Yadh Ben Achour, juriste tunisien, spécialiste des théories politiques islamiques et de droit public qui écrit : "La version intégriste représente une interprétation possible du texte fondateur lui-même ainsi que de son expression dans l'histoire. Ce point de vue serait même le plus proche de la vérité du texte. Mais le plus important est de garder à l'esprit qu'entre les salafistes et les autres sont plus apparentes que réelles. C'est précisément de là que provient le malentendu le plus grave. Il convient, par conséquent, de rappeler l'existence d'accords fondamentaux, avec des divergences sur la seule action politique, entre cet islam intégriste et l'islam "de tout le monde". Sur le fond, les deux islams se retrouvent : la cité terrestre doit préparer la cité céleste, la parole incréée de Dieu définit les droits de Dieu et ceux des hommes, pour la restauration de l'ordre divin et naturel le musulman est tenu par un "devoir de violence", qu'on ne peut nommer autrement et qui se manifeste notamment par la loi pénale (hudûd) et la théorie du djihâd. L'existence entière s'articule autour du culte et des prières qui rythment la vie, mais également autour des règles détaillées sur le licite et l'illicite moral et juridique. Le poids des anciens, salaf, pèse également sur les uns et les autres." page 179 La deuxième Fâtiha, l’islam et la pensée des droits de l’homme paru aux Presses universitaires de France, 2011

Citation : Ibn Khaldoun, Les Prolégomènes, tred. M. G. de Stane, Paris 1862-1868, t. I, p.469 « En islam, la guerre contre les infidèles est d’obligation divine, parce que cette religion s’adresse à tous les hommes et qu’ils doivent l’embrasser de gré ou de force. On a donc établi chez les musulmans la souveraineté spirituelle et la souveraineté temporelle, afin que ces deux pouvoirs s’emploient simultanément dans ce double but »

Citation : Professeur à l'Université de Tunis, Hamadi Redissi, spécialiste reconnu de l'islam politique, écrit dans La tragédie de l'islam moderne ( au Seuil, 2011) : "Certes, les soufis subliment le jihâd contre soi, mais, à mon humble connaissance, il n'y en a aucun qui ait déclaré le "petit jihâd" (le combat) obsolète" note de bas de page, page 144.

Citation : Dans "aux fondements de l'orthodoxie sunnite" page 15 Y. Ben Achour écrit :"La plupart des analyses écrites par des musulmans relèvent d'une apologétique animée par la défense d'une foi, fermement tenue par des dogmes. La plupart ne peuvent dépasser une perspective concordiste qui tente de réaliser un mariage difficile, sinon impossible, entre la pensée moderne des droits de l'homme et la philosophie du droit en islam. Certaines analyses peuvent atteindre les plus hauts degrés de la mauvaise foi. Il en est ainsi de toutes celles qui se livrent à des interprétations alambiquées du texte coranique pour nous enseigner que le jihâd ne vise nullement quelque forme de violence que ce soit, que "frappez-les" signifie autre chose que l'action de frapper, que la qiwama, prévalence des hommes sur les femmes, n'implique aucune infériorité de cette dernière, ou que la shûra (consultation) constitue le fondement même de la démocratie, sans compter toutes les tentatives de retrouver la laicité au coeur du premier islam. Ces tours de magicien ne font qu'aggraver les problèmes. Ils sont inventés pour plaire à tous les camps"

Citation : Mohamed Ibn Guadi est islamologue à l'Université de Strasbourg, et il est chercheur en philologie sémitique : " l'islam a toujours été politique !" . (http://marie-masson-gaechter.over-blog. ... 93253.html) «Que l’on soit choqué ou non, le fait que des musulmans puissent déclarer que le Coran passe avant les lois de la République est parfaitement juste en Islam. », « Or, un musulman ne peut se trouver en terre non musulmane sans l’appréhender comme un territoire où les lois islamiques doivent prévaloir », « Les efforts des musulmans qui souhaitent concilier islam et laïcité sont vains. »

"Par ailleurs, la notion propre à la réforme chrétienne de la séparation de l'Eglise et de l'Etat est totalement inconnue en Islam. Les institutions religieuses ne sont pas séparées des institutions civiles. Le spirituel est indissociable du temporel. C'est encore pour cette raison que calquer l'expérience de la réforme chrétienne sur l'islam serait illogique et inapproprié."

"On s'offusque aujourd'hui de la politisation de l'islam. Ce terme lui-même est également un non-sens. L'islam a toujours été politique. Mais il ne faut nullement lui prêter une connotation péjorative. La seule forme d'organisation politique que connurent les musulmans à travers leur histoire, depuis les origines de l'islam, fut l'Etat islamique. Le nationalisme arabe a été la seule idéologie étrangère aux musulmans, car importée d'Europe. Le nationalisme n'a été qu'un épisode court et superficiel de l'histoire des Arabes. Durant quatorze siècles, l'Etat islamique resta la norme et la référence."

"[...] objectif est également non de dominer, mais de faire adhérer le plus grand nombre au message de Mahomet à travers la soumission à l'islam. Il n'y a rien de choquant à ce que les musulmans souhaitent être représentés par les dirigeants de l'UOIF. C'est une réaction normale puisque l'UOIF représente un islam expurgé d'artifices considérés comme propres à l'Occident (réforme, laïcité, intégration, etc.). Il est d'autant plus illusoire de penser que les musulmans dits «réactionnaires» forment la minorité en France. L'Etat le sait, et le nier est précisément offenser les musulmans."

Citation : «Allah est notre objectif. Le prophète Muhammad est notre chef. Le Coran est notre loi. Le djihad -guerre 'juste' est notre voie. Mourir dans les voies d’Allah est notre plus grand espoir » tel est le mot d'ordre de l’organisation des frères musulmans, mouvement politique musulman le plus influent du monde aujourd'hui. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A8res_musulmans)

Citation : Hassan el-Banna, fondateur des Frères musulmans : ’L’islam est à la fois religion et pouvoir, adoration et commandement. Coran et épée unis de manière indéfectible’ ; ’Dire que la religion est une chose et la politique en est une autre, ... est une prétention que nous combattons par tous les moyens’ ; ’L’islam auquel croient les Frères musulmans fait du pouvoir politique l’un de ses piliers... Dans nos livres de droit musulman, le pouvoir politique est un article de foi et un tronc et non une élaboration juridique et une branche’ ; ’Pensez-vous que le musulman qui accepte la situation présente, qui se consacre à l’adoration, et laisse le monde et la politique aux impuissants, aux criminels, aux étrangers et aux impérialistes peut être considéré comme musulman ? Non, il ne le peut pas. Il n’est pas musulman. Car l’islam authentique est à la fois djihad et action, religion et État’, cité par l’intellectuel égyptien Rifaat el-Saïd, in Contre l’intégrisme islamiste, Maisonneuve et Larose, 1994, p. 42.

Citation : "Le Coran est notre constitution", déclaration de Lhaj Thami Breze dans Le Parisien du 12 février 2003. Lhaj Thami Breze était le président de l'Union des Organisations Islamiques de France. (UOIF)

Citation : L’Islam, écrit Hani Ramadan (Docteur ès lettres à l'université de Genève, en Suisse et Directeur du centre islamique de Genève et employé des écoles du canton de Genève), dans le Bulletin du centre islamique de Genève, « est religion et État, foi et loi, doctrine et mode de vie... il nous enseigne un monothéisme authentique, évident, et aussi une loi qui constitue désormais un système complet reposant sur des sources authentiques applicables en tout lieu et en tout temps»

Citation : "L'islam est politique ou n'est rien" Ayatollah Khomeyni. (Les ayatollahs en sont les chefs et les docteurs et ils sont considérés comme des experts de l'islam dans les domaines de la jurisprudence, de l'éthique, de la philosophie ou du mysticisme. Ils enseignent la plupart du temps dans les écoles (hawza) islamiques. Les ayatollahs qui portent des turbans noirs, seraient des descendants du prophète Mahomet par son gendre Ali.)

Citation : Et enfin Rémi Brague, professeur de philosophies médiévales, grecque, romaine, "juive chrétienne et arabe" quand il dit : (http://www.bernard-meha.fr/IMG/mp3/2-is ... ue-2mn.mp3)
- L’islam est d'abord un système juridique
- C’est quelque chose que l’on ignore trop volontiers en Occident.
- Le soufisme est un miroir aux alouettes à l’usage des Occidentaux.
- On aimerait que l’islam soit ce qui nous intéresse (nous, les Occidentaux) dans l’islam.
- Le but premier de l’islam n’est nullement la conversion des "non-musulmans" mais l’établissement d’un régime à l’intérieur duquel les musulmans pourront exercer leur foi et la déployer dans toutes ses dimensions les plus pratiques .

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